Le numérique, comme paysage et culture, n’appartient en propre à personne, et surtout pas aux informaticiens

S’il est un substantif récemment apparu dans la langue française et passé massivement dans l’usage, c’est bien « numérique ». Il est mis à toutes les sauces en tant que tel même si son sens demande parfois à être précisé. Les pays anglo-saxons ne substantivent guère, eux, mais, en France comme ailleurs aussi, l’adjectif « numérique » est rapidement devenu nom commun, « le numérique », plus ou moins tacitement compris. Que signifie, par exemple, « le numérique » dans l’expression slogan de la direction en charge du dossier à l’Éducation nationale : « L’école change avec le numérique » ?

On m’a soufflé à l’oreille que ce n’était que de la communication. Sérieusement ?

Pour la très grande majorité des gens, acteurs de l’éducation ou non, gageons-le, il s’agit ici, métonymie aidant, d’outils numériques ou d’équipement informatique — notez déjà l’ambiguïté de la présence de ces deux mots dans la même phrase. Sans doute certains s’hasardent-ils à parler de pédagogie ou d’enseignement numérique sans trop savoir ce que signifie exactement cette idée. Je lis à l’instant un articlela pédagogie numérique est illustrée par un travail de robotique dans une classe de technologie en collège. S’agit-il bien de cela ?

Le comble de la confusion sémantique et de la cacophonie est atteint par le concept d’« usages numériques » ou, pire, d’« usages du numérique », ressassée ad nauseam par les cadres de l’éducation, chercheurs en sciences de l’éducation, élus ou fonctionnaires des collectivités, sociologues, sans que personne n’évoque la même chose, n’essaie de comprendre de quoi parle l’autre ni ne sache exactement de quoi il s’agit.

Le numérique, y comprendre quelque chose…

Sur son blog personnel, dès 2012, Jean-François Cerisier, fait un point lucide sur les évolutions sémantiques en cours, notant déjà l’éloignement progressif des mots « informatique » et « numérique », même s’il raccroche tout cela au wagon des technologies de l’information et de la communication :

« Les choix terminologiques sont aussi des choix sémantiques. Les discours politiques et institutionnels concernant les technologies de l’information et de la communication dans l’éducation n’échappent pas à ce principe. Parler d’informatique (années 80), de multimédia (années 90) ou de numérique (aujourd’hui) ne signifie pas la même chose. Cela témoigne de changements d’ordre épistémologique. »

Pour ma part, sans doute nourri de réflexions sur le sujet, j’ai essayé dès le début de cette décennie de comprendre la confusion née de l’évolution du substantif « numérique » et de son sens et me suis hasardé à tenté de le définir plus précisément. J’ai lu ce qu’en disait en 2013 le journaliste Mario Tedeschini Lalli qui proposait de faire du numérique une culture à vivre, à ne surtout pas confier à des ingénieurs, disait-il déjà :

« Il digitale, come si è detto, è una “cultura”, non è una cosa da lasciare in appalto agli ingegneri. »

C’est aussi en 2013 que je m’aventurais à exprimer l’idée qu’il était nécessaire de partir à la conquête du numérique et de sa culture, niant tout héritage « La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert ».

« Ni rédemptrice, ni triomphante, ni bienfaitrice, [la culture numérique] se construit dans la proximité et la sensualité de la relation humaine, via un paradigme sociétal étonnant et déconcertant. Elle est au centre du cercle, au centre de tout le reste, elle est fondamentale, elle nous construit, chacun d’entre nous, comme nous la construisons ensemble. »

Fin 2013, dans un article plutôt fracassant, voir son titre ci-dessus, la journaliste Laure Belot tire sur l’ambulance des élites débranchées et cite un certain nombre d’observateurs qui perçoivent bien la révolution culturelle et les grandes mutations sociales induites par l’émergence du numérique. Ainsi le sociologue Dominique Boullier :

« Le numérique n’a été abordé qu’en termes de média et de notoriété. On n’a rien compris de la culture qui est en train de transformer la façon de travailler, de se lier. La désintermédiation remet en cause les rentes de situation, qui sont vues comme des abus, explique-t-il. Il faut apprendre à diffuser les informations, lâcher prise, collaborer, co-créer. Cela produit un nouveau type de richesse, mais c’est une rupture culturelle : il faut faire confiance à la masse, prendre le risque d’ouvrir les vannes. Le droit de propriété est remis en cause, le principe même de l’autorité remis en question. »

Dès 2014, dans son Anthropologie des usages numériques — vous savez que je n’aime pas le mot « usages » mais « anthropologie » est tout aussi discutable quand il s’agit pour l’essentiel d’humanisme, Pascal Plantard fait référence à l’anthropologue Marcel Mauss qui définissait un fait social par le fait que toutes ses dimensions (psychique, symbolique, culturelle, esthétique, historique, politique, économique, juridique…) s’articulent les unes avec les autres et proclame, fort à propos :

« Le numérique, c’est le fait social total de notre civilisation occidentale hypermoderne. »

Les années qui suivent sont les années noires de la pression idéologique et lobbystique de l’informatique et des informaticiens, présents partout, à l’Académie des sciences, au Conseil national du numérique, auprès des députés, ministres et cabinets, qui ont tenté le coup, sans trop y réussir et c’est tant mieux, de l’embrouillamini sémantique et de faire passer l’informatique pour le numérique, ajoutant à la confusion des esprits, et de profiter enfin de l’engouement pour le deuxième pour faire avancer la valorisation de la première, en tant que science mais aussi comme discipline scolaire.

Ils continuent leur travail de sape en forme d’entourloupe sémantique aujourd’hui même, Serge Abiteboul, dans un élan populiste, parlant de « codage » à la place de « programmation » et de « numérique » à la place d’« informatique » :

J’ai combattu ce lobby, à ma manière car ça me paraissait un combat d’arrière garde, tout en proposant de réfléchir à ces nouveaux concepts de numérique et de culture numérique. En 2014 toujours, je tentais d’expliquer à ma petite fille de deux ans dans « Le numérique expliqué à Suzanne et à quelques autres… » ma propre vision de tout cela :

« Le numérique, vois-tu, ce sont des femmes et des hommes qui le mettent en œuvre, qui le vivent au quotidien, qui s’expriment, qui échangent et partagent, le plus souvent de pair à pair, dans des microcosmes multiples qui s’interpénètrent et desquels la figure classique des experts s’efface peu à peu. Ce sont des femmes et des hommes qui portent fièrement leurs opinions à la face du monde et ne craignent pas de les voir contredites ou censurées, même s’ils ont parfois à exercer à ce dernier sujet une grande vigilance. Le numérique, ce sont des valeurs et des attitudes nouvellement renforcées, celles du partage, de la connivence, de la collaboration, de l’amitié, du désir, de la responsabilité, de l’écoute de l’autre, de l’attention à ses préoccupations, de la tolérance… Ce sont encore des libertés, celles de l’expression et de l’opinion, de la création, du choix et des orientations, de nouvelles navigations possibles… Ce sont des droits et des devoirs, de la culture, de la raison enfin… Ah ! la raison ! »

Et je concluais :

« Le numérique, c’est un nouveau modèle d’humanisme, citoyen, social et politique… Le numérique, c’est aussi de la culture, la plus complète et transversale possible… pour te permettre d’exercer ta citoyenneté. »

En 2016, comme je ne suis pas homme à me démonter, j’accentuais encore le trait dans « Dis, papa, le numérique, c’est quoi l’idée ? » et proposais :

« Le numérique, c’est la culture d’aujourd’hui, économique, politique, citoyenne, sociale, éducative, médiatique, informationnelle, la culture d’un nouvel humanisme qui s’éclaire des potentialités démultipliées de l’échange, du partage, de la diffusion de la connaissance, de l’accès de chacun à cette dernière. C’est la culture de l’engagement, du changement et du réseau, celle de l’horizontalité réticulaire. »

Élie Allouche, dans un diaporama fort complet publié en 2016 qui fait le point des ressources, des enjeux et chantiers propres aux humanités numériques dans l’éducation, mentionne à nouveau Dominique Boullier dans sa Sociologie du numérique :

« Il devient difficile de ne pas refaire toute la sociologie de tous les domaines, car le numérique a ceci de particulier qu’il est “pervasif”, c’est-à-dire qu’il pénètre toutes nos activités, des plus intimes aux plus collectives. »

En 2016 toujours, la regrettée Louise Merzeau répond, au collège des Bernardins, à la question que lui pose Frédéric Louzeau, directeur du pôle de recherche : « Où en est l’humain face au numérique ? ». Prenez le temps de l’écouter attentivement, elle tente elle aussi, à sa façon, de définir numérique et la culture numérique à l’éclairage de ses travaux sur la mémoire et les traces numériques :

La question qui lui est posée, curieuse à mon sens, laisse accroire que l’humain s’extrait du numérique, qu’il lui fait face. Peut-être a-t-elle été soufflée par l’historien et titulaire de la chaire d’humanisme numérique au collège des Bernardins, Milad Doueihi ? Ce dernier, connu pour ses travaux sur les humanités numériques, ne réussit que mal, généralement, à mon avis, dans un discours à la tonalité pourtant très humaniste, à s’affranchir, dans sa réflexion, d’un supposé socle technologique et informatique, alors que pourtant le consensus semble extraire la culture numérique de ses racines techniques et scientifiques. Lire par exemple son intervention en 2013 à l’ESEN.

L’an dernier, en 2017, Catherine Becchetti-Bizot, inspectrice générale, ancienne directrice de la DNE ou direction du numérique éducatif, qui a longtemps contribué, comme d’autres, à freiner les élans intempestifs du lobby en question, rédigeait un épais et revivifiant rapport que j’ai très longuement commenté dans « Exclusif : on peut aimer très très fort un rapport de l’inspection générale ». Ce rapport redessine les contours d’une nouvelle forme scolaire à l’éclairage du temps numérique et son rédacteur saisit l’opportunité de tenter, elle aussi et dès les prolégomènes, de définir le numérique. Pour elle, c’est :

« 1.1. Un changement de paradigme culturel et sociétal
Le numérique n’est pas seulement une révolution technologique. Comme le furent, en leur temps l’invention de l’écriture et celle de l’imprimerie, il est aussi un phénomène culturel et social qui imprègne les actes les plus ordinaires de notre vie et nos représentations du monde : notre perception de l’espace et du temps, notre relation aux autres, nos façons de penser, d’imaginer et de créer, nos modes de travail et d’accès au savoir, ainsi que nos manières de produire et de diffuser les connaissances. En quelques années, l’extraordinaire développement de l’Internet et des réseaux sociaux, l’explosion des moteurs de recherche et du big data ont accéléré cette transformation. À tout moment, les objets connectés que nous utilisons nous relient au monde, à d’autres objets connectés et à nos semblables, laissant des traces durables de nos activités sur la Toile, dessinant notre profil et anticipant nos comportements. »

C’est également en 2017 qu’Élie Allouche, en conclusion d’une journée de Dialogue des humanités numériques, énonce quelques résolutions en guise de conclusion desquels je retire particulièrement :

« [Il convient de] donner au numérique à l’école son sens le plus exigeant, qui ne limite pas à la technique […], de considérer ainsi le numérique […] comme culture, écriture et cadre de production des savoirs, et non comme une addition d’outils dont il faudrait sans cesse démontrer la plus-value. »

Cette année-là, comme je suis un homme persévérant, je plaide à nouveau « Pour un numérique humaniste, social et culturel » face à ceux qui entretiennent une vision étriquée, utilitaire, technophile et informatique du numérique.

Il y a quelques jours à peine, en 2018 donc, à l’occasion de la préparation d’un séminaire de travail sur la culture numérique, Jean-François Cerisier toujours proposait sa vision, en référence lui aussi aux travaux de Marcel Mauss. Prenez le temps d’une écoute attentive, ce n’est pas bien long :

« La culture numérique, c’est… le cadre culturel qui donne du sens à la vie de chacun, le paysage à partir duquel nous construisons nos actions, nos actes, nos tâches, à partir duquel nous élaborons nos valeurs… […] Le numérique est un fait social total au sens du concept proposé par Marcel Mauss parce que ces technologies transforment l’ensemble de la société et de toutes se institutions. »

Alea jacta est

Tout est à peu près clair aujourd’hui.

La grande majorité des chercheurs définissent aujourd’hui le numérique comme un fait social global et total qui bouscule à ce point les représentations sociales et culturelles qu’il peut être compris comme un paradigme.

Alors, bien sûr, ce numérique ne peut renier ses origines, qui sont pour l’essentiel technologiques et informatiques, les mutations sociales et culturelles évoquées ci-dessus trouvant leur source dès la fin du dernier millénaire dans l’irruption de technologies émergentes et particulièrement perturbantes. Oui l’informatique, l’algorithmique et les technologies contribuent aujourd’hui encore à bousculer davantage le fait numérique. Mais bien d’autres domaines, scientifiques ou non, apportent eux aussi régulièrement des contributions éclairantes et enrichissantes au fait numérique. Il en va ainsi des apports successifs et récents du design, de l’éthique, de l’économie, des sciences cognitives, de la sociologie, de la politique, de l’art… et de bien d’autres encore.

En ce sens, personne n’est aujourd’hui autorisé à s’approprier le numérique. Personne !

Pourtant, tous les jours, de nombreux scientifiques informaticiens continuent à penser et à dire que le numérique, c’est de l’informatique et vice-versa.

On peut se référer à l’occasion au tweet de Serge Abiteboul cité ci-dessus ou encore à l’intervention de Gérard Berry au Sénat devant la commission en charge de la consultation citoyenne en vue d’une prochaine loi sur l’école dans la société du numérique. Ce dernier, pourtant pointilleux sur le sens des mots qui concernent sa discipline scientifique, algorithmes, interfaces, données, langages, machines… est étrangement moins précis quand il s’agit de préciser les rapports entre informatique et numérique, son discours s’avérant particulièrement confus.

Gérard Berry mène un combat, celui de la reconnaissance universitaire de sa discipline scientifique, et milite ardemment pour la création d’un enseignement scientifique et de concours de recrutement de professeurs pour offrir de nouveaux débouchés à ses étudiants en informatique. Pour ce faire, il est particulièrement intolérable qu’il continue avec ses collègues à vouloir s’approprier le numérique, par ignorance ou incompréhension des mutations de ce monde ou par calcul démagogique, peu importe.

La mise en place récente au lycée, par exemple, des enseignements ou options appelés ISN (informatique et sciences du numérique) ou ICN (informatique et création numérique) est un contresens total car il ne s’agit que d’informatique et de rien d’autre, au service certes de projets créatifs dans le deuxième cas, mais si peu souvent ! Le numérique est ici mis à toutes les sauces sans autre justification que de servir de cache-sexe à l’informatique et à son enseignement.

Concernant spécifiquement le numérique, la relation entre le substantif et l’adjectif devra à terme être précisée par l’usage. Si le sens du premier a évolué dans le sens indiqué supra, le sens usuel du deuxième n’a guère évolué comme indiqué dans les premières lignes de ce billet, même s’il n’y a plus grand monde aujourd’hui pour le restreindre à celui d’antonyme d’« analogique ».

Personne ne peut donc s’approprier le numérique même si, naturellement, il appartient à tout le monde. Les enjeux éthiques et politiques sont si importants, les perspectives économiques, éducatives, culturelles si prometteuses et à la fois si inquiétantes, car à l’évidence peu soucieuses de la préservation des droits et des libertés fondamentales des citoyens, que ces derniers, tous ces derniers, quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent, seront amenés à exercer leur vigilance, à donner leur avis, prendre en charge l’acculturation de leurs élus et représentants et décider des grands choix de la société et du paysage numériques.

Mario Tedeschini Lalli avait ainsi raison de proposer de s’affranchir de l’influence trop importante des ingénieurs et des informaticiens. En fait, l’enjeu est bien celui de faire comprendre à tous, et, s’il faut évoquer les enjeux propres à l’école, à tous ses acteurs, que le numérique concerne toutes les disciplines et pas particulièrement et seulement les disciplines scientifiques ou technologiques. Ainsi, les fameuses compétences numériques attendues de tous les citoyens, quel que soit leur âge, et des élèves en classe ne sont pas seulement, loin de là, techniques ou scientifiques, elles concernent tous les champs de la citoyenneté et de son exercice.

Tous.

Michel Guillou @michelguillou

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Nota bene : Nombre de mots de ce texte doivent, au masculin, être considérés comme neutres et non sexués.

Crédit photo : Pixabay.

[cite]

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8 commentaires pour “Le numérique, comme paysage et culture, n’appartient en propre à personne, et surtout pas aux informaticiens
  1. Jean Carle (Gelth) dit :

    Commentaire d’humeur en réponse à votre billet d’humeur (et vous reconnaîtrez au moins que je ne fais pas partie de ceux qui vous tape dessus en temps normal).

    Il faudrait vraiment arrêter avec votre combat contre un soi-disant lobby (avec la connotation négative que l’on peut y voir vous et moi) en parlant d’un groupe qui ne fait rien d’autre que parler pour sa paroisse alors même qu’ils sont les acteurs principaux de cette science (je parle bien du coté science car, j’insiste, c’est une science, plus proche des maths que tout autre, mais exactement au même titre que la physique, la biologie, …).

    Non, ce groupe n’est pas un lobby. Mais oui, ce groupe essai par les moyens du bord qu’il a à sa disposition de faire comprendre au décideurs leur point de vue et qui réussi enfin à se faire entendre, ce qui vous déplaît.

    Ils sont à cent lieux des moyens mis en place par des lobbyistes : pas d’invitations dans des repas coûteux et offerts, pas de cadeaux en nature, pas de dessous de table indirect non plus. Oui, il y a des discussions avec les décideurs, oui, il y a eu organisation de session de « jeux » pour leur faire appréhender ce qu’il y avait derrière le codage informatique. Et alors ? est-ce être lobbyiste que de leur montrer ce qu’ils ne sont pas capable de voir tout seul ? NON.

    On a assez perdu de temps avec cela, et qu’il y ai des gens qui, réussissent enfin à faire infléchir, après plus de 30 ans de perte de temps dans des projets politique assez pourris car uniquement basés sur les moyens, les programmes et la vision des politique sur ce qu’est l’informatique et sur les besoins qui vont avec, et bien c’est très bien.

    Et si la culture du numérique (je préfère parler de culture autour du numérique) est un point extrêmement important et transversal à quasiment toutes les disciplines, il ne doit pas occulter le point de base fondamental derrière cette culture : le logiciel (et le matériel dans une moindre mesure). Donc ses origines, donc sa conception et ses principes algorithmiques qui font qu’un logiciel, ce n’est pas de la magie, tout comme le principe de physique, de biologie. Et cela n’a rien à faire dans un cours de techno (la majorité des prof de techno n’aiment d’ailleurs pas cet aspect là, et on peut les comprendre) ou de maths (qui ne voient dans l’informatique que le coté résolution de problèmes … de mathématique).

    Et même si vous ne voulez pas comprendre cet aspect là, il est bien celui qui manque le plus pour avoir une réel compréhension du numérique. Le coté culture se construit dans toutes les matières. Le coté scientifique associé à l’informatique ne se construit pas en maths ou en techno.

    • Merci du commentaire et une réponse courte (j’espère) :
      1. Je signe et je persiste : depuis plus de 20 ans, un lobby est bien à l’œuvre qui se comporte comme un lobby, faisant un siège incessant des cabinets, des commissions, des colloques, des auditions parlementaires, dans les think tank, de manière organisée et largement soutenu financièrement par de puissants alliés. J’ai eu souvent l’occasion de m’y opposer directement mais je peux témoigner aussi que nombre de parlementaires et de hauts fonctionnaires, en charge de missions ou de responsabilités, ont eu à subir de leur côté la pression fort peu amicale et franchement pénible de ce lobby. Je vous passe les détails.
      2. Sur le fond, vous tombez dans un piège convenu « il ne doit pas occulter le point de base fondamental derrière cette culture : le logiciel (et le matériel dans une moindre mesure). » que je réfute. La culture numérique, j’essaie de le démontrer avec d’autres, s’est extraite de ce socle-là.
      3. Je n’ai vraiment rien contre l’enseignement de l’informatique, science de ce siècle. J’ai même d’excellents amis informaticiens :) J’entends bien qu’il puisse trouver sa place à l’Université ou même (pourquoi pas ?), progressivement, au lycée. A condition qu’on dise clairement qu’on enseigne l’informatique et qu’il ne s’agit pas de numérique. Et ce n’est pas le cas. Au collège, je ne suis pas persuadé que les enjeux de civilisation soient tels qu’il faille imposer une nouvelle discipline scientifique, là où tout (le numérique) tend, au contraire, à tisser des passerelles et de la transversalité. Ce sont les contenus des disciplines existantes et de la formation qu’il faut faire évoluer.

      Ce n’est que mon avis. Continuons à échanger.

      • Jean Carle (Gelth) dit :

        Allons-y directement :)
        Sur le point 1 : S’ils faisaient cela, de la manière que vous décrivez, depuis plus de 20 ans, alors le problème serait réglé depuis longtemps. Il y a moins de 20 ans, je débutait ma thèse d’informatique,. À cet époque, je demandais déjà pourquoi il n’y avait pas de capes et/ou agreg Informatique (un vrai concours j’entend, pas des options qui donne juste une coloration). Et les réponses que j’obtenais étaient presque toujours celles-ci : les Informaticiens (sous-entendu maîtres de conf et profs d’université) ne veulent pas, ils préfèrent rester à l’université car c’est plus avantageux pour eux. Bref la raison était principale semblait être un entre-soi bien arrangeant (et qui me déplaisait déjà).

        Alors me dire que le lobby dont vous parlez (SIF/specif et EPI principalement j’imagine pour nommer les choses comme elle se nomment actuellement) faisait le forcing pour avoir une oreille et être écouté me paraît tout de même exagéré.

        Que ces gens, qui ont maintenant des entrées dans ces milieu en profite pour promouvoir ce qui manque, …. si cela vous suffit pour être un méchant lobbyiste, alors ok (bien que j’enlèverait quand même le même « méchant » :) ).

        Sur le point 2 et 3 (vont ensemble selon moi) : Nous en avons déjà parlé. Vous ne pourrez jamais démontrer que le numérique c’est sorti du logiciel car il en est toujours le fondement et la base. De la même manière que le moteur est à la base de sa voiture et que l’on ne sera jamais capable de réparer sa voiture sans un garagiste qui s’y connait (mais alors on laisse la porte ouverte aux problème avec les garagistes qui peuvent vous faire croire tout ce qu’il veulent car vous n’y connaissez rien, … vrai aussi dans le bâtiment par exemple avec tous les soucis que cela implique).
        Donc non, je ne veux pas de cette société numérique là. Je veux des gens capable de comprendre ce qui se passe pour mieux le gérer. Ce que vous prônez alors ne permettra pas la réflexion suffisamment approfondi que je souhaite pour les citoyens. Et c’est atteignable par la transversalité (le numérique étant partout, il doit être mieux organisé dans toutes les matières), et par la connaissance du code.
        Je ne crois pas que Serge Abitboul dise autre chose. Il m’est arrivé de trouver certains discours (peut-être de lui, je ne sais plus) un peut trop orienté vers du développement, donc excessif si on y voit le fait de tous savoir écrire les applications de demain comme des professionnels). Mais ce n’est pas ça qui se joue, et sans en avoir discuté avec S. Abitboul (déjà croisé, mais il ne me connait pas vraiment), je suis presque sûr qu’il prône la même chose que moi car pour appréhender ces concepts, il faut effectivement coder. C’est le coté travaux pratique totalement lié à l’apprentissage de l’algorithmique et de la compréhension de ce qu’est un logiciel.

        La question du niveau de démarrage est assez simple : plus on commence tôt, mieux on sait se débrouiller avec. Les outils actuels et les méthodes plus orientées vers la pratique déjà à l’oeuvre en primaire depuis toujours, et revenant plus fortement au collège et au lycée, font que l’on imagine assez facilement une progression telle qu’on peut les voir sur différents rapports et mis en oeuvre sur de plus en plus nombreux sites (avec ou sans machines).

        Perso, j’ai du mal à voir une matière uniquement informatique au collège, je peux vous rejoindre là-dessus mais sans formation au codage, ces enseignant seront toujours en galère comme actuellement et cela déforme complètement. Du coup, le prof de techno et le prof de math resteront les seuls supportant la responsabilité de l’informatique
        Au collège les choses sont assez flou pour moi d’un point de vue pratique et organisationnel sur la question de l’informatique (j’ai un enfant au collège, les enfants ne retirent rien de ce qui est fait en math et en techno … et ce n’est pas que du fait des profs mais bien de ce que ces profs sont capable de faire et des programmes). La chose est complexe, je le conçoit.
        Au lycée, aussi complexe soit-il de réorganiser, il est plus que temps de s’y mettre, et pas uniquement pour juste une filière spécialisée. Je suis heureux de voir que votre propos sur ce point semble avoir légèrement changé (en tous les cas c’est l’impression que me donne nos premières discussions que nous avons déjà eu ensemble sur ce point et votre réponse ici).

        • «  Nous en avons déjà parlé. Vous ne pourrez jamais démontrer que le numérique c’est sorti du logiciel car il en est toujours le fondement et la base. »
          Je n’ai pas besoin de le démontrer. D’autres l’ont fait à ma place et je les rejoins là-dessus. Elles ou ils sont cité(e)s dans mon billet.

          • Jean Carle (Gelth) dit :

            Mais vous nous placez dans la case uniquement techno, comme si vous excluiez ce coté de la culture numérique au prétexte que cela intègre maintenant une fonction sociale et est maintenant bien plus large.

            Pourquoi donc toujours mettre en opposition le coté technologie et la dite culture numérique (terme ayant effectivement des sens très divers selon celui qui l’utilise) ?

            Dire qu’il manque le coté scientifique et technique pour les raisons que j’ai expliqué plus haut n’exclue pas le reste (exemple du garagiste .. désolé pour les nombreux bons garagistes).

            • Je ne mets rien en opposition. Une culture scientifique et technique est évidemment partie prenante de la culture numérique que j’appelle de mes vœux.

              Mais j’ai déjà écrit tout cela de nombreuses fois, dans le billet en référence comme dans d’autres billets.

  2. Fabrice Gallet dit :

    Permettez-moi de résumer votre raisonnement (même si ce billet résume déjà ce que vous répétez depuis des années) en quelques arguments avant d’en venir à ce qui justifie mon intervention. Voici ce que j’ai compris:

    a)
    1/ Le numérique a des retentissements profonds sur nos manières d’échanger, de travailler, d’apprendre, de créer, etc., bref sur nos manières de faire société
    2/ Ce qui structure, par des régimes symboliques et normatifs spécifiques, notre manière de faire société, c’est aussi ce qu’on appelle une culture
    => Donc le numérique doit être compris comme un nouveau paradigme culturel

    b)
    1/ Par ailleurs ce n’est pas qu’un petit ilôt culturel réservé à quelques-uns, c’est un champ culturel fondamental et transversal, auquel bien peu (sinon aucune ?) de nos pratiques et de nos représentation n’échappe
    => Tout le monde est donc concerné par le numérique, et tout le monde gagnerait à en acquérir une certaine culture (ici entendue au sens des savoirs et compétences requis pour y prendre part de manière active, mesurée, créative, etc.)

    c)
    1/ Eduquer au numérique réclame de sensibiliser les gens à sa dimension culturelle, càd à l’ensemble complexe des normes, des valeurs, des pratiques, des représentations, etc., qui sont transformées ou ont émergé avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
    2/ Or les informaticiens, qui s’intéressent en particulier aux infrastructures matérielles et logicielles du numérique, prétendent abusivement être les plus légitimes à dispenser son enseignement, alors qu’une focalisation sur la dimension technique et utilitaire revient à négliger l’essentiel de ce qui est en jeu
    => Donc ce n’est pas (voire surtout pas ?) aux informaticiens seuls d’éduquer au numérique, personne ne doit se l’approprier car tous doivent y prendre part et on leur part de savoir ou savoir-faire à dispenser (les historiens, les sociologues, les philosophes, etc., mais aussi les acteurs du numérique, les créateurs de contenu, les innovateurs, etc.)

    d)
    1/ L’essentiel du numérique se situe dans sa portée culturelle, et non simplement technique
    2/ La culture numérique retentit profondément sur les pratiques et les représentations, au point de concerner aussi bien celles qui sont indépendantes de l’utilisation de dispositifs numériques (logiciels, infrastructures, etc.),
    3/ Et le nouvel humanisme qu’elle permet de promouvoir concerne les hommes bien au-delà de l’utilisation qu’ils peuvent faire de dispositifs numériques
    => La culture numérique existe donc aujourd’hui indépendemment des dispositifs techniques particuliers qui ont permis son émergence, et elle peut donc être considérée, comprise et enseignée indépandemment d’un savoir qui porterait sur les rouages de tels dispositifs techniques

    J’espère ne pas avoir trop trahi votre pensée. Compte tenu de ce que j’en ai compris, je voudrais faire quelques remarques, dont la dernière constitue une objection à la conclusion de d).
    – Je vous rejoins sur l’idée qu’il faut insister sur le fait que l’environnement numérique est désormais une composante essentielle de la culture (entendue au sens le plus large défini en a)2/) et non pas le réduire à un ensemble de dispositifs techniques. Mais en reprochant à ceux que vous prenez manifestement comme des adversaires de s’intéresser essentiellement aux dispositifs informatiques, vous semblez adopter le même présupposé que celui que vous leur attribuez: à savoir que des dispositifs techniques ne sont rien d’autres que des dispositifs techniques et que les comprendre, c’est en saisir le fonctionnement technique. Pourtant, la technique est elle-même indissociablement culturelle, tout dispositif technique enveloppe des représentations, des normes, des valeurs, etc.; par exemple l’automobile n’est pas qu’une affaire de mécanique, et la mécanique elle-même n’est pas qu’une affaire de composition de forces, il y a tout un imaginaire, des valeurs (la performance, la résistance, la sobriété et sans doute bien d’autres) qui en font une realité culturelle à part entière, et non pas seulement technique. Autrement dit, la technique, n’importe quelle technique, c’est déjà de la culture. Alors avez-vous de bonnes raisons de penser que les informaticiens négligeront nécessairement la dimension culturelle des dispositifs numériques et que faire ou enseigner l’informatique, c’est faire abstraction de tout cela ?

    – Par ailleurs, lorsque vous parlez de culture numérique, tantôt vous vous situez sur le plan très général déjà évoqué (c’est un environnement, un « paysage », un paradigme indissociable de la culture actuelle de l’humanité), et ce que vous dites relève du constat, tantôt vous vous situez dans une perspective plus restreinte, où la culture numérique est une certaine culture, qui favorise certaines valeurs, certaines modalités de mise à disposition et de création du savoir (par ex. l’horizontalité, la collaboration), et votre discours adopte alors une tournure normative, ce qui s’exprime notamment à travers la revendication que la défense de cette culture est un nouvel humanisme. Mais force est de constater que les valeurs et les modalités d’échanges entre les hommes que vous mettez en avant, ne sont pas les seules que les dispositifs numériques sont susceptibles de favoriser ou d’amplifier: vous opérez une sélection (que pour l’essentiel je partage) parmi les potentialités offertes, mais des potentialités antagonistes sont également présentes et appartiennent aussi bien à la culture numérique entendue au premier sens. Et la tournure que prend les choses, notamment compte tenu des forces économiques en présence, est loin d’être rassurante; par exemple l’idée du contrôle de tous les échanges s’oppose à celui d’une expression libérée de l’intermédiation, or la potentialité d’un contrôle automatisé et systématisé est une composante élémentaire de la culture numérique (qu’on peut bien sûr associer à l’une de ses sciences fondatrices, la cybernétique). Bref, dans vos propos, on ne sait pas toujours si c’est la culture numérique en général que vous défendez, ou la nécessité de la prendre comme objet de réflexion justement en raison de cette ambivalence, ou une certaine culture numérique que vous espérez promouvoir.

    – Enfin, si vous essayez de promouvoir une certaine culture numérique, n’est-il pas nécessaire de considérer de près les dispositifs techniques afin de montrer qu’il sont bien porteurs des valeurs que vous défendez, à quel point et à quelles conditions ils le sont, et de distinguer ceux qui le sont et ceux qui sont peut-être porteur de valeurs antagonistes ? Les valeurs, les manières de travailler, de créer, de partager, etc., que vous évoquez régulièrement comme ce qui serait le véritable coeur de la culture numérique, chacun peut constater qu’elle ont été pensées et défendues avant le développement de l’environnement numérique. Celui-ci, manifestement, leur offre un nouveau régime de mise en oeuvre. Mais, après tout, on pourrait aussi bien parler de collaboration, de co-création, de constitution mutualisée du savoir, etc., indépendemment des dispositifs numériques mais aussi indépendemment de la culture numérique. Alors comment comptez-vous attirer notre attention sur de telles valeur et sur les nouvelles potentialités qu’offre la culture numérique, et bien faire comprendre qu’il y a des spécificités profondément liées à la nature de ce nouveau paradigme, sans référence à ce qui se passe effectivement dans notre commerce quotidien avec les infrastructures et les outils numériques ? Je sais bien que vous ne nierez pas qu’il puisse y avoir un intérêt, au regard de la valorisation de la culture numérique, à examiner de plus près le fonctionnement d’une infrastructure ou d’un outil numérique grâce à un éclairage informatique, mais soutenez-vous vraiment qu’on puisse tout à fait s’en passer et parler tout de même précisément de ce qui se trame dans nos existences plongées dans un environnement numérique ? Remarquez notamment que lorsque Jean-François Cerisier, que vous citez en reprenant son expression de « paysage », s’apprête à parler concrètement du nouveau cadre culturel que constitue le numérique, il revient à un discours sur les techniques: « Concrètement, l’usage intensif de ces techniques [sic], leur disponibilité permanente, modifie le rapport de chacun à l’information et à la connaissance, à autrui et à soi-même, au temps et à l’espace et enfin au rapport que chacun entretient avec la création et la créativité. »

    Bref, qu’il y ait des aveuglements, des simplifications outrancières, des approches bornées et creuses de la chose, des lobbys qui oeuvrent dans l’ombre, etc., justifie sans doute votre ton et l’expression de votre humeur. Mais s’il s’agit de s’entendre entre personnes raisonnables et prudentes, n’admettez-vous pas que la compréhension de la culture numérique ne peut que s’enrichir d’un examen minutieux et d’échanges renseignés, et sans cesse renouvelés, au sujet des outils (voire des outils abstraits que sont les langages de programmation), pour peu qu’on ait conscience qu’il ne s’agit que d’une composante très partielle de l’environnement numérique ?

    • Un très grand merci pour votre commentaire, votre excellent résumé (vraiment, j’ai plaisir à lire que vous m’avez lu et compris) et vos objections pertinentes.
      En deux mots pour tenter d’y répondre :
      – Oui, j’ai observé, en plusieurs occasions que certains informaticiens (ce n’est évidemment pas le cas de tous) sont incapables d’adopter ce recul nécessaire. J’ai encore en souvenir qu’un membre du CNNum informaticien, cité dans ce billet, lors d’une réunion préparatoire à la rédaction du rapport Jules Ferry 3.0, nous avait répondu « enseigner l’informatique, je sais faire, mais enseigner le numérique, je ne sais pas ». Et d’ajouter qu’il ne savait d’ailleurs pas ce que c’était, le numérique, sans que ça lui pose un problème d’être membre d’un Conseil national censé le promouvoir. J’ai d’autres exemples en tête, beaucoup d’autres. Écoutez Gérard Berry, c’est édifiant.
      Pour tout vous dire, je crois cela provisoire car je suis d’un naturel optimiste. Mais le mal-être des universitaires informaticiens est tel qu’ils sont prêts à toutes les compromissions. Aujourd’hui.
      – « Bref, dans vos propos, on ne sait pas toujours si c’est la culture numérique en général que vous défendez, ou la nécessité de la prendre comme objet de réflexion justement en raison de cette ambivalence, ou une certaine culture numérique que vous espérez promouvoir. » dites-vous. Vous avez raison, je ne sais pas et suis désolé de cette confusion dans mon discours. C’est probablement que mon opinion n’est pas faite sur ces 3 points. Là, tout de suite, je me dis que prendre la culture numérique comme objet de réflexion permettra peut-être de trouver des réponses et de formuler des propositions. Je suis membre d’un groupe de travail dont c’est justement le sujet et tout cela est encore en débat. Bien évidemment.
      – J’ai noté, comme vous, que Jean-François Cerisier (comme beaucoup d’autres, certains ou certaines de manière très caricaturale, d’autres de manière plus subtile parce que réflexe, c’est le cas de Milad Doueihi, par exemple) ne manquait pas de faire encore référence aux techniques. On ne se refait pas. Comment lui en vouloir ? Je suis persuadé, si on peut se hasarder à un peu de prospective, qu’on se sera écarté de ces références racinaires très vite. Mais, vous l’avez compris, s’éloigner de ces références, ce n’est pas les oublier et les taire. Et, pour répondre précisément à votre question, on ne peut pas s’en passer, il faut continuer d’essayer de comprendre aussi ces mutations technologiques, bien évidemment.
      Et, pour terminer, j’agrée totalement votre conclusion et les propositions que vous faites. Ne serait-ce que parce qu’elles font appel à la raison.
      Encore merci.

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