L’embellie se fait plutôt rare, ces temps-ci, dans la cité numérique…

Nous sommes déjà le 15 janvier et je n’ai toujours pas eu le temps de vous envoyer mes vœux, ce que j’avais pourtant fait dans des délais plus raisonnables les années précédentes. J’ai honte. Et j’espère avoir le temps de finir ce court billet avant ce soir, ce qui m’obligerait à devoir changer la date inscrite ci-dessus.

Ce n’était pourtant pas l’envie qui m’en manquait, le numérique éducatif en particulier, le numérique en général étant traversés par des débats ou des informations particulièrement ineptes. Ça peut, en effet, difficilement aller pire et je n’ai donc aucun mérite à souhaiter pour vous que tout aille mieux.

J’avais prévu pour vous une belle petite image, en bas de ce billet, montrant un ciel picard très perturbé, avec des nuages menaçants desquels semblait s’extraire une petite embellie. Un message d’espoir, de confiance, d’optimisme. Il en faut. Et puis on m’a fait connaître une autre photo, dont il faut remercier Rémy Perrin, journaliste au journal Le Progrès, qui m’a donné l’autorisation de la publier, que vous pouvez voir ci-dessus. Elle illustre mieux, me semble-t-il, en ces temps particulièrement troublés, la notion d’embellie que je souhaitais pour nous, pour vous surtout.


Des débats ineptes, vous disais-je. Il faut en effet n’avoir pas le cœur trop sensible pour accepter de lire les norias d’articulets moisis, qui tendraient à expliquer aux parents ce qu’ils convient de faire de leurs enfants en face des écrans, donnant la parole à des experts prétendus qui leurs assènent leurs vaseuses considérations sur la lumière bleue ou le temps qui doit être consacré à cette rencontre. La seule écriture de ce mot d’écran me fait frémir, tant le sujet est creux, vide de tout sens. C’est d’autant plus dommage que la question de la confrontation des enfants de tous âges aux mondes numériques peut, elle, s’avérer intéressante à explorer. C’est ainsi, par exemple, que la Fing propose aujourd’hui une réflexion fort riche qui veut dépasser, dans le cadre de l’économie de l’attention, la notion de temps, bien réductrice.

Puissent ceux qui relaient complaisamment les propos nauséabonds des faux médecins ou psychologues, tous contempteurs du numérique et habitués des plateaux des médias, s’intéresser un peu plus aux contenus, aux contextes, aux interactions, à l’activité déployée par les enfants, en toute considération, positive si possible, de ce qu’ils sont et de leur âge ou maturité, de ce qu’ils font ou construisent… Puissent enfin les journalistes, commentateurs, chercheurs… qui s’intéressent à tout cela, au-delà de la synecdoque que sont les écrans (brrr…), travailler sur la complexité de ces relations.

C’est mon souhait pour la nouvelle année.


Des débats ineptes, vous disais-je. Que penser de ce tweet navrant ?

Il annonce, comme vous pouvez le lire, la création d’un CAPES pour ceux qui se destinent à enseigner l’informatique, puisque cette discipline est prévue au programme du baccalauréat qu’on nous annonce. La balkanisation des savoirs continue, chacun cherchant, tel M. Seguin, à clôturer vainement son pré carré. Les informaticiens sont conviés à la curée et réclament leur part du gâteau. Ce sont les élèves qui trinquent. C’était prévisible tant est puissant et sans aucune retenue le lobby de l’informatique. Mais là n’est pas le sujet.

Que vient faire là cette notion de « cercle vertueux » de la présence de l’enseignement numérique ? Quel est cet enseignement numérique ? Qu’est-ce que cette nouvelle notion ? Pourquoi convoquer le numérique lorsqu’on parle d’enseigner l’informatique ? La confusion est complète et ceux qui relaient la communication gouvernementale montrent en l’occurrence leur profonde inculture. Le numérique ne concerne pas davantage, mais pas moins non plus, l’enseignement de l’informatique que l’enseignement du français, des mathématiques ou des langues vivantes… ou de toute autre discipline.

Il y a bien longtemps que le numérique s’est affranchi de ses liens originels avec l’informatique et les technologies. Il serait temps de le comprendre.


Des débats ineptes, vous disais-je.

J’avais beaucoup d’autres exemples en stock mais je sens bien que je vous agace. J’aurais aimé vous dire deux mots des GAFAM, des bouffons, et de la dictature des artefacts. Allez comprendre ! Ce sera pour plus tard. Je vous souhaite une bonne nouvelle immersion dans le paysage numérique. Puissent les embellies être nombreuses et, surtout, durables !

Michel Guillou @michelguillou

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Nota bene : Nombre de mots de ce texte doivent, au masculin, être considérés comme neutres et non sexués.

Crédit photo : Rémy Perrin, journaliste au journal Le Progrès et Michel Guillou

[cite]

 

Posté dans Billets d'humeur, Brèves
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2 commentaires pour “L’embellie se fait plutôt rare, ces temps-ci, dans la cité numérique…
  1. Merci Michel de nous distinguer du flot des débats habituels. En espérant que bien d’autres le remarquent également ;(

  2. rafael dit :

    C’est un sujet vraiment passionnant qui réveil toute ma curiosité et je ne m’en lasse pas même après l’avoir lu et relus.

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