Quelle mouche a piqué le microcosme ? Que s’est-il passé exactement sur Twitter et autres réseaux proches ces derniers jours ? Tout cela faisait suite, en effet, à un article du Huffington Post qui interrogeait quelques témoins du milieu, lycéens, professeurs, syndicalistes… Bref un échauffement généralisé et très peu raisonnable en ces journées où le printemps tarde à arriver quand l’été a déjà commencé.
De quoi s’agissait-il ? Le journaliste en question s’intéresse à ce que les élèves font de cette remarquable petite application, aujourd’hui intégrée à Twitter, qui s’appelle Periscope et dont les jeunes, mais pas seulement, sont si friands. Rappelez-vous, je vous ai narré récemment (1) l’affaire Serge Aurier dont j’ai rappelé qu’il était un enfant de l’école de France. Alors que font ces jeunes trublions ? Pas grand chose justement. Oisifs en cette fin d’année scolaire, en fond de classe, ils diffusent des images en direct sur lesquels réagissent des camarades à l’extérieur de la salle. Tout cela, images et commentaires, est souvent particulièrement vulgaire et désobligeant voire insultant à l’encontre des enseignants, et témoigne de la capacité des adolescents à adopter les mêmes comportements médiocres que leurs aînés (1) en se servant des outils remarquablement surpuissants disponibles sur leurs smartphones.
Pas de quoi fouetter un chat !
C’est l’avis de Stéphanie de Vanssay, interrogée, qui répond, pour l’UNSA, son syndicat :
« Dans la grande majorité des cas, il n’y a rien de choquant. Les grands collégiens ou lycéens se filment en train de faire les zouaves, ce n’est pas acceptable mais ce n’est que potache, que des défis. »
Le secrétaire général du SNPDEN, Philippe Tournier, confirme :
« C’est un sujet qui n’en n’est pas un. Ce phénomène est minoritaire, c’est la forme moderne du comportement des adolescents. »
Nathan, jeune lycéen, explique :
« C’est trop bien. Cette application permet de rigoler quand on s’ennuie en classe, c’est pas méchant. »
Il y a un bon mois déjà, FranceTVInfo avait déjà traité le sujet et abouti aux mêmes conclusions. Qui n’a pas le souvenir, d’avoir au collège ou au lycée tenté ou d’avoir été tenté de transgresser les interdits et d’avoir sorti, sous la table, une revue, un jeu, que sais-je… ? La tentation était d’autant plus grande que la place en classe était éloignée des premiers rangs, près du tableau ou de l’estrade, et que la période s’approchait de la fin de l’année, alors que les décisions de passage en classe supérieure étaient déjà prises…
Au printemps, la Tribune de Genève avait aussi fait un papier à ce sujet qui relève à juste titre que Periscope constitue une caisse de résonance sans précédent à des incivilités qui sont loin d’être nouvelles.
Periscope, installé sur les smartphones hyperconnectés des jeunes, permet les mêmes échappées, les mêmes évasions, suscitant même la connivence de témoins, de camarades, éloignés de l’espace de la salle de classe. On commente, on participe, on échange, on se lance des défis. Ce n’est pas toujours de haute volée, certes, loin de là, mais la diffusion en ligne est le plus souvent restreinte et ne met le professeur en scène que dans des cas très rares.
https://youtu.be/i4JiNK71hUg
La critique des professeurs : on a commis l’irréparable
Mais savoir si Periscope est ou non un épiphénomène n’est pas la cause de l’échauffement dont je vous parlais en introduction. D’aucuns, parmi les commentateurs, ont osé suggérer que, peut-être, les professeurs y étaient parfois un peu pour quelque chose, ainsi Stéphanie de Vanssay :
« Les professeurs n’arrivent pas à capter l’attention de leurs élèves. Les élèves sont inactifs, on leur demande d’écouter, de prendre des notes, mais on ne surveille pas. »
C’en était trop. Apparemment, énoncer des truismes fâche. Très fort. Le microcosme se déchaîne sur Twitter. Plusieurs « hashtags » sont utilisés par tous ceux qui se sentent humiliés par les propos modérés ci-dessus même s’ils ont été énoncés ou transcrits d’une manière qui peut en effet paraître maladroite. La plupart s’adonnent alors à ce qui ne peut être qualifié autrement que comme du harcèlement. On dénie à Stéphanie de Vanssay le droit de s’exprimer : elle ne saurait pas de quoi elle parle car, argument qui tue, elle n’a plus d’élèves, elle est « déchargée ». Bon, je vous passe les circonstances de la curée, ce n’est pas drôle. Stéphane Bortzmeyer réagit sur Seenthis :
« Les réactions mesurées de de Vanssay ont suscité un tir de barrage ultra-corporatiste (« si tu n’es pas prof’, ferme ta gueule ») et des insultes de cours de récréation sur les rézosocios. »
Une blogueuse anonyme s’enflamme :
« Je trouve irresponsable, inquiétant et hallucinant de cautionner le fait qu’il est normal, logique, compréhensible que des gamins filment leurs cours pour moins se faire chier. »
Non, tout serait à cause « de l’attitude ignoble de certains élèves inconscients (ou pas) qui appellent à la violence et à l’humiliation » et, face à ce harcèlement supposé des professeurs, « les instances officielles n’ont pas réellement bougé leur cul ».
Ce dernier point de vue est partagé par le SNES sur son site qui reproche à l’institution son inaction :
« Il revient à l’institution de statuer sur cette question et d’aider les enseignants à lutter contre les comportements à risque des élèves, qui bravent volontairement un interdit… »
Pour le SNES, donc, la réglementation en cours, interdiction par la loi à l’école et au collège, par les règlements intérieurs en lycée, est satisfaisante mais n’est pas respectée. « Il convient de ne pas tomber dans des effets de mode en intégrant n’importe quelle technologie dans le champ scolaire. » dit, sur son blogue personnel, Thomas Brissaire, l’auteur du billet du SNES. Interrogé lui aussi par le Huffington Post et manifestement pas très content de la manière dont on a rendu compte de son point de vue, il poursuit « À ce titre, je suis surpris que nulle part n’apparaisse dans l’article une référence à l’Éducation aux Médias et à l’Information à destination des élèves bien qu’on puisse souligner l’investissement de nombreux collègues pour sensibiliser les élèves à ces questions, notamment nos collègues professeurs documentalistes. » en oubliant que c’est un champ transversal qui, s’il n’est pas douteux que les professeurs documentalistes tiennent une place centrale pour l’impulser, doit être partagé, non par « de nombreux collègues » mais par tous.
Il est vrai que le SNES a un problème avec les enseignements transversaux. Pour eux, il vaut mieux continuer à interdire les smartphones ou à réfléchir encore pour « ne pas tomber dans des effets de mode ».
Et si on essayait de comprendre ?
Stéphanie de Vanssay parle d’ennui. Thomas Brissaire regrette qu’on ne parle que d’ennui — un positionnement idéologique (sic) de la part d’une syndicaliste, dit-il ! — et évoque d’autres causes « internes… liées la psychologie de l’adolescent, à un besoin de dépassement des règles et limites : besoin de “défis”… mais aussi externes liées au poids de l’image dans notre société, aux exemples donnés par les Youtubers, nouvelles stars de beaucoup d’ados ».
Certes, convenons-en, l’ensemble de ces données psychologiques ou sociologiques peut être interrogé pour tenter de trouver des explications à ces comportements déviants. Certes encore conviendrait-il de se demander pourquoi ces adolescents sont incapables de se concentrer en classe et d’être attentifs. Quoiqu’il en soit, ces questionnements n’ont de véritable intérêt qu’à la condition de se mettre bien d’accord, entre nous, adultes, parents, enseignants, mais aussi et surtout avec les élèves, sur le sens de ces mots : attention, concentration, ennui, disponibilité, engagement, effort, responsabilité, vie privée, intimité… entre autres. Je ne m’y risquerai pas, pour ma part, les chercheurs se montrant pour le moins circonspects dans ces domaines. Ceux que j’ai entendus récemment se gardent bien de tirer sur tout cela des conclusions définitives, car il paraît, disent-ils, que tout change avec le numérique.
Ce que nous, adultes, avec nos repères du millénaire dernier, prenons par exemple pour de l’inattention, peut parfois curieusement s’appeler multi-attention. Quand on croit qu’un adolescent n’est attentif à rien quand il regarde la télévision, tout en envoyant des textos et en consultant sa tablette, on se trompe le plus souvent car, tout en restant incapable de faire vraiment plusieurs choses à la fois, il reste capable de mobiliser son attention successivement sur ces différentes tâches et d’être performant. Des leçons à tirer pour les comportements en classe ?
Il en va de même pour la concentration dont on a fait une valeur positive pour l’école alors qu’elle nous vient tout droit, semble-t-il, du travail à la chaîne et de l’ère industrielle. La question mérite d’être posée : convient-il d’être toujours concentré en classe, pendant les cinquante-cinq minutes de l’heure de classe, cinq ou six heures par jour ? En sachant que c’est impossible, quelles adaptations trouver ?
Un autre point mérite attention, justement. Bien sûr, l’effet de mode, l’exposition médiatique et la synchronicité de la publication sur Periscope, pour y revenir, renforcent la visibilité de manifestations somme toute plutôt rares et peu visibles. Comme d’habitude, tout le monde parle de ces vidéos en ligne mais rares sont ceux qui les ont vraiment vues. Un jugement tout récent vient d’être prononcé par le tribunal administratif de Versailles pour annuler une décision d’exclusion d’un lycéen qui avait insulté ses professeurs sur une page Facebook. Les juges ont estimé que la sanction n’était pas proportionnée aux faits, ce qui est fréquent, mais surtout que « La seule publicité donnée au site résultait des professeurs ou de l’administration, mais non de l’élève ».
Il en va de même des quelques vidéos Periscope publiées et republiées qui seraient restées dans l’ombre si quelques professeurs indignés ne s’étaient empressés d’en assurer la publicité.
Enfin, pour les contempteurs des smartphones et de Periscope en particulier, les principaux responsables de tout cela sont les élèves, au premier chef, « ignobles, inconscients, violents », leurs parents, indifférents et irresponsables, et surtout l’administration qui laisse faire voire se rend gravement complice, comme l’énonce clairement le SNES, en encourageant au BYOD en classe ou proposant « des contenus en ligne en direction des élèves (souvent à but humoristique) et [en en profitant] pour les inviter à s’abonner à son compte Snapchat ».
Comme le disait récemment la présidente de l’UNAF, ça fait peur, Snapchat ! On voit bien la fourberie de ces gens-là ! La dernière fois que je vous parlais de Periscope, j’évoquais les erreurs successives :
« Comme d’habitude, comme si l’histoire ne produisait pas de leçons, c’est le média ou le support qui sont montrés du doigt par les observateurs à courte vue dans le cas de ces usages non pertinents voire perturbateurs. »
Quinze ans de malheur
Oui, comme d’habitude, le média… mais pas seulement.
Je pourrais ici reprendre in extenso les conclusions de nombre de mes articles précédents, rappeler les Skyblogs du début de ce millénaire, les pages Facebook qui ont suivi, les captures Snapchat, les vidéos YouTube jusqu’à Periscope d’aujourd’hui… Quinze ans d’une succession d’interdictions et de stigmatisations en alternance avec une répression sans pitié !
Dans un de mes dernier billets (2), j’évoquais ce « long cortège de comportements institutionnels irresponsables ». L’affaire Periscope, qui était tout sauf imprévisible, n’en est que le dernier avatar, en attendant le prochain.
Et bien sûr — là, je sens qu’on va s’indigner —, en réclamant aux chefs d’établissement plus de sévérité à l’encontre des élèves « ignobles, inconscients, violents », plus d’interdiction contre les machines surpuissantes que des parents irresponsables ont mis dans la poche des élèves, en tentant de construire des bastions dénumérisés (3) au sein des collèges et des lycées, en ne s’engageant que de très loin dans un nouvel enseignement rénové, en prise avec son temps, en faisant fi de la nécessaire éducation aux médias et à l’information qui concerne pourtant chacun, en renonçant parfois à transmettre les valeurs communes de la République, en portant au fond un mépris profond pour la jeunesse et ses comportements décalés, les professeurs, pour la majorité d’entre eux, sont aussi et solidairement responsables de ce qui arrive aujourd’hui en classe. En aucun cas, ils ne peuvent s’en exonérer.
Allez, je ne résiste pas à l’envie de vous reproposer ce joli tweet illustré :
@michelguillou Cela m'a fait penser à cette photo q circule bcp s/ les réseaux & est applaudie par de nbrx collègues pic.twitter.com/g65ML8aGhV
— Cécile Morzadec (@CMorzadec) March 6, 2016
Où sont passés les réflexes éducatifs qui auraient dû primer sur toute répression ? Où est passée la bienveillance de l’école et de ses maîtres ? Où est passé l’esprit de Célestin Freinet qui n’hésitait pas, à son époque, à s’emparer d’une technologie et à négocier avec ses élèves les conditions de son utilisation dans les apprentissages ?
Tous ceux qui, ces dernières années, se sont lancés dans la négociation avec l’ensemble des partenaires de l’école, parents, élèves, à commencer par les associations et les élus de la vie lycéenne, ont inventé de nouvelles règles de vivre ensemble, pour le bien-être de tous les acteurs, les professeurs les premiers. Plutôt que d’additionner les interdits, on a préféré, çà et là, réécrire les règlements intérieurs, à l’exemple de celui que j’avais suggéré (4), en commençant par autoriser, permettre, voire encourager dans certains cas… Ce changement de logique, partout où il a été tenté, s’avère être une réussite. Les services départementaux et rectoraux de vie scolaire font aujourd’hui, dans certaines académies, une interprétation plus permissive des habitudes en ce domaine, voire en collège, de manière très étonnante, une lecture plus souple de la loi. Je crois être capable, très bientôt, de vous en apporter la preuve.
Il faut se réjouir de ces heureuses évolutions, n’en déplaise au SNES.
D’autant que les bonnes pratiques, exemplaires, sur lesquelles s’appuyer, ne manquent pas. Un article récent et complet est consacré sur EduProNet aux utilisations pédagogiques de Periscope :
« Nous pensons que cet outil peut être d’un grand apport dans une salle de classe et qu’il est intéressant de réfléchir à la manière d’utiliser et d’enseigner avec les réseaux sociaux en classe. »
Thot Cursus a aussi contribué à la réflexion par un article sur le sujet assez complet qui se termine par un encouragement aux professeurs, à propos de l’application Periscope :
« Les jeunes se la sont appropriée pour se distraire. Alors, aux enseignants d’adapter les usages pour des fins plus utiles et afin d’ajouter de l’interactivité à l’apprentissage à l’intérieur et à l’extérieur des heures de cours. ».
Rien que de plus logique et proactif. À noter, un lien vers un article d’Alexandre Gagné sur ce qu’on peut faire en classe de Periscope avec cette petite vidéo :
https://youtu.be/K-W63OEWj9Q
De manière plus large, on observe que ces applications sociales de diffusion vidéo peuvent être utilisées pour renforcer le fonctionnement démocratique, comme, de l’autre côté de l’Atlantique, à la Chambre des représentants, ou à l’initiative de groupes de rock comme Radiohead qui, à rebours d’autres initiatives, encourage ses fans à filmer ses concerts sur Periscope.
Voilà. Vous avez le choix, maintenant, prendre exemple sur Laurent Wauquiez qui veut interdire aux conseillers régionaux de tweeter, voire de periscoper, ou, comme en Algérie, couper totalement l’Internet du pays pour éviter la triche.
Ou adopter une attitude compréhensive, bienveillante, proactive, ouverte, collaborative entre pairs mais aussi avec les élèves. C’est vous qui voyez.
Michel Guillou @michelguillou
Crédit photo : *** via photopin (licence)
- Serge Aurier, un grand enfant de l’école de France https://www.culture-numerique.fr/?p=4699
- Internet responsable : l’irresponsabilité n’est décidément pas là où on la croit https://www.culture-numerique.fr/?p=4882
- 4 bonnes petites idées toutes simples pour « installer des bastions dénumérisés dans l’école » https://www.culture-numerique.fr/?p=4723
- Petite fiche-projet à l’attention des proviseurs des lycées pour mettre à jour les règlements intérieurs https://www.culture-numerique.fr/?p=1400
[cite]
Merci pour ce billet qui offre le choix à l’enseignant . . . ou de refuser cette technologie ne la voyant que comme un élément perturbateur . . . ou de voir en cette technologie un excellent compagnon qui offre aux élèves des multiples possibilités d’agir activement au sein du processus éducatif dont ils sont tout de même les premiers bénéficiaires.
Le choix ? Vraiment ?
Et comme toujours, fin et moyen sont confondus.
Il y a longtemps, en des coins reculés de notre histoire, le simple fait de savoir lire était subversif.
Et écrire, écrire: « mort au vaches ! » ou « mon prof est nul » ou bien un beau poème en alexandrin, cela n’a rien de commun mais chaque fois il s’agit d’utiliser un moyen d’expression moderne, la parole et ces nuances. Ici un graffiti, là un page imprimée.
Comme d’habitude, le média fait peur…
Retour en arrière, il y a 6 ou 7 ans, lors de la généralisation de l’ENT. Tournée des établissements de l’académie, avec une huile de la mission TICE de l’époque et un utilisateur/administrateur de l’ENT. J’ai ainsi présenté l’ENT à des collègues dans 3 – 4 établissements : les outils de travail, le cahier de texte, l’emploi du temps, l’appel, le mail…
Aïe, le mail ! Non mais c’est la porte ouverte à tous les abus. Les parents peuvent écrire aux profs ? Quoi les élèves aussi ? Et au chef d’établissement aussi ?? Non mais je ne vais quand même pas répondre depuis la maison aux parents. On va être harcelés, les notes, les cours vont être contestés…
et toujours pour finir : «On peut pas bloquer ça ?»
Pour quoi finalement ? J’ai eu cette année, en dehors des mails adressé au prof principal ou adressés à l’ensemble des profs de la classe, trois malheureux mails, tous très gentils :
– Toto est très déçu de sa note et n’a pas osé vous demander s’il pouvait faire un contrôle de rattrapage
– Tata a fait une chute lors de sa compétition d’aquaponey et elle aura du mal à faire le TP de chimie
– Vous avez sanctionné Titi, pourrions-nous avoir un rendez-vous pour comprendre ce qui s’est passé ?
Trois. Pas plus.
Bon, j’exagère un peu, il y a aussi un une demi-douzaine de «merci» ou «c’est noté» en réponse à des mails que j’ai envoyé. J’ai aussi eu deux mails un peu agressif ou revendicatif l’an dernier.
Tout ça pour ça…
Évidemment, j’ai peut-être eu de la chance. Ou alors je fais peur au parents (bizarre, beaucoup moins aux enfants). Pourtant des chieurs il y en a, les mêmes qui cassent les pieds en réunion parents-profs ou par le carnet de correspondance et aux mêmes enseignants.
Mais alors, c’est que le média n’y est pour rien ? Zut alors.
J’ai appris énormément de choses avec Périscope, en suivant entre autre ce qui se passait sur la place de la République.
Donc, oui, Périscope peut certainement aider les élèves à devenir citoyens en suivant des débats sur la démocratie réelle, sur l’anarchie… Le jour où un élève est malade, pourquoi ne pourrait-il pas suivre le cours à distance sur Périscope au lieu de photocopier le cahier de son camarade le lendemain ?
L’application périscope ne permet pas de limiter le partage à une seule personne. La localisation est obligatoire. Tout le monde (Parents, inspections, etc…) pourront donc suivre ce qui se passe dans la classe à partir de la « Carte ».
Cela suppose d’abord que l’enseignant soit d’accord. Si des élèves sont filmés, cela suppose aussi que les parents aient donné leur accord pour la diffusion d’images de leur enfant « par le collège / lycée » sur internet.
Le cyber harcèlement est un fait réel, qui peut conduire au suiccide d’adolescents. Mme de Vanssay à publié le nombre de tweets, d’intervenants générés par ses propos sur « la blague de potache ». Elle n’a pas eu l’air affectée par cela, mais c’est une adulte. On ne peut pas « prendre le risque » d’une diffusion sur internet de cours qui pourraient susciter une telle avalanche de propos.
Si je reprends l’exemple de l’élève malade qui veut « rattraper » les cours, il peut en général très bien le faire par l’ENT du collège/lycée où le professeur peut déposer tout le contenu pédagogique qu’il souhaite, et l’élève poser des questions à qui il veut. Ce ne sera pas « en direct » certes, mais cela apportera la même chose que Périscope, tout en respectant la législation, le droit à l’image, voire en autorisant une pédagogie différenciée.
Bref pourquoi prendre un risque inutile ?
Mon propos n’est pas centré uniquement sur Periscope ou l’un quelconque de ses succédanés mais sur la manière dont, a priori, l’institution EN et ses professeurs stigmatisent, interdisent, dénoncent avant même de comprendre à quoi ça sert et comment ça marche. Du moment que les élèves s’en servent, c’est le diable. Et, en effet, parfois ça l’est. Mais, le plus souvent, on pourrait éviter ces problèmes en réfléchissant et en négociant avant. Quant à utiliser les applications de ce type, cela va bien au-delà des pratiques professionnelles que vous mentionnez. Ne pas oublier qu’il s’agit avant tout de partager, d’échanger, de collaborer., toutes sortes de choses qu’on ne peut faire sur l’ENT qu’entre soi…
Quant au harcèlement, que vous qualifiez à tort de cyber (du harcèlement, c’est du harcèlement), vous me permettrez de prendre mes distances avec un problème dont tous les psys s’accordent à dire qu’il est beaucoup plus complexe qu’on ne le dit généralement.
En tant que parent, je considère que techniquement, l’établissement a les moyens de contrôler tout ce qui est émis par les élèves depuis l’intérieur, soit en filtrant le Wifi, soit avec un compte périscope qui permet de voir u. Direct toutes les émissions depuis une zone géographique donnée.
Si mon enfant est victime de harcèlement depuis un smartphone émettant depuis le collège, je porte plainte contre l’établissement. Ce sera au principal de voir ce qui s’est passé, de parler de « liberté pédagogique » de l’enseignant qui a autorisé l’utilisation de smartphone ou à fermé les yeux sur des propos blessants qui peuvent conduire au pire.
Si ce harcèlement vient de l’extérieur de l’établissement, en tant que parent, c’est plus simple. Je peux localiser assez facilement l’auteur, rencontrer les parents, leur demander de supprimer tel enregistrement, ou signaler le contenu sur le réseau social émetteur, etc… En général, ça se passe plutôt bien et le dépôt de plainte n’est pas nécessaire pour régler le problème.
Alors ce que je propose, c’est qu’on vous mette devant une classe, monsieur Guillou. Même pas une classe de REP+. Une classe de lambda d’élèves de quatrièmes, à qui on dirait : « bon allez, aujourd’hui, Smartphone et periscope autorisé ».
Et je pense qu’on va rigoler, de voir ce que font ces petits mutins.
Mais comme votre métier est conférencier et consultant, nul doute que vous saurez les captiver et prouver à tous les enseignants combien ils sont ennuyeux.
Un enseignant, qui a des élèves devant lui tout l’année.
Je ne voudrais pas avoir l’air de défendre Michel Guillou, qui n’a à mon avis ni besoin de se défendre ni d’être défendu, mais il se trouve que j’ai des élèves lambdas (et même bêtas parfois) toute l’année.
Parfois le smartphone est sur la table. Jusqu’à présent surtout pour l’appareil photo, parfois comme calculatrice de dépannage mais après des essais plus que motivants, c’est le navigateur qui va m’intéresser l’an prochain. Périscope je n’en vois pas trop l’intérêt pour le moment.
C’est fou ce que c’est simple : un smartphone sur la table sert à travailler. Un smartphone dans la trousse sert à faire le con.
Étrange changement de position du prof, quand les élèves ont leur smartphone c’est qu’ils sont en train de bosser. J’ai le temps de passer dans les rangs de regarder ce qu’ils font, des les aider et accessoirement d’avoir l’œil sur ceux qui seraient tenté de faire autre chose.
Quand c’est moi qui m’agite au tableau, ils bossent beaucoup moins et ont beaucoup plus de temps pour faire n’importe quoi. Bin oui, mes élèves sont dramatiquement normaux.
Je suis juste un ancien élève, et j’ai vu « entre les murs » récemment.
Et bien il m’est apparu que l’article du Huffington Post était absolument terrifiant et qu’il devait logiquement générer les réactions, sans doute excessives, qui ont suivi.
Le plus surprenant, en fait, pour des gens au fait des réactions humaines, c’est que cette logique là ne soit même pas « perçue », ni bien sur envisagée. Comme si des mondes radicalement étrangers se superposaient…
Moi à votre place, je serais cool et compréhensif avec les barbares: ils ont sans doute quelquechose à dire…