L’éducation aux médias entre dilution et convergences

Téloche

Je n’ai pu suivre que très partiellement et à distance, via Twitter et les riches et passionnés commentaires, d’une part, via le flux vidéo proposé sur les conférences et tables rondes, d’autre part, les débats du récent colloque «Cultures numériques, éducation aux médias et à l’information » qui s’est déroulé à Lyon.

Le Clemi, qui a peut-être été sollicité par la Dgesco à l’élaboration du programme de ce stage du Plan national de formation, n’est pas partenaire et n’en parle pas. Nulle part. Le compte officiel Twitter des documentalistes du Clemi ne dit pas un mot de l’événement.

Heureusement, fort heureusement, pour ceux qui, comme moi, n’ont pas pu se déplacer, l’encadrement et le suivi de cet événement étaient assurés, par exemple, par :

  • en amont de l’événement, un article de Jean Agnès sur Educavox
  • le remarquable travail en 3 volets,  et , de Stéphanie de Vanssay qui a rassemble sur Storify les tweets, images, photos et, bientôt peut-être, vidéos de ces deux jours ;
  • aujourd’hui-même, un papier de Gildas Dimier qui attend le printemps d’une hypothétique convergence.

Jean Agnès, à la lecture du programme, regrettait, comme il en a l’habitude, l’absence d’historicité. Si on peut lui accorder que certaines relectures et certaines recherches d’hier seraient profitables pour faire avancer aujourd’hui l’éducation aux médias et la réflexion à ce sujet, je pense, pour ma part, qu’il devient nécessaire de faire le tri et qu’il y a bien des choses qu’il convient d’oublier. Par ailleurs, le numérique a si profondément changé la donne qu’une nouvelle réflexion sur le sujet peut trouver avantage à s’éclairer des évolutions radicales des premières années de ce nouveau millénaire, évolutions qui ont profondément changé les médias eux-mêmes et les rapport des citoyens à ces derniers et aux messages qu’ils transportent.

Pour ma part, et ce blog peut en témoigner, j’ai toujours volontairement confondu mon engagement dans ces deux domaines, celui de la culture numérique et celui de l’éducation aux médias, persuadé que l’une et l’autre trouvaient avantage à s’éclairer de leurs références réciproques, lesquelles ayant par ailleurs une tendance furieuse à se rapprocher et à se confondre.

Dans mon esprit, le rapprochement proposé à Lyon des cultures numériques et de l’éducation aux médias est donc à la fois naturel et nécessaire.

Jean Agnès et Gildas Dimier s’opposent sur ce point, comme sur celui du rapprochement avec l’éducation à l’information. Là où le premier ne voit que dilution, le premier observe des convergences.

Ils se trompent l’un et l’autre. À écouter les prises de parole du premier jour, à observer aussi la composition et l’organisation des tables rondes, il n’y a pas dilution et je n’ai pas vu la queue d’une convergence, pour ma part. Bien au contraire, j’ai entendu plus de communications juxtaposées, disjointes, que de véritables échanges et je n’ai guère vu non plus de volonté de partager des objectifs communs. Même en prenant son temps, on est encore très loin de l’« humanisme numérique » ou de la « translittératie » que Gildas Dimier appelle de ses vœux..

Ainsi, la question de l’éducation à l’information a été traitée de manière verticale et d’ailleurs différente selon les tables rondes. Sur l’une d’entre elles, on a traité d’information à la manière des scientifiques et des informaticiens, ce qui a permis à Serge Abitboul, qui n’a décidément rien compris au numérique et à l’éducation aux médias, de réclamer une nouvelle fois, hors sujet, qu’on enseigne l’informatique à l’école. Sur l’autre, on a évoqué — c’est ce que j’en ai compris car c’était fort confus — l’éducation à l’information comme éducation à la culture informationnelle, ainsi que le comprennent et l’enseignent les professeurs documentalistes.

Concernant les cultures numériques et l’EMI, puisque ce sigle semble s’imposer — rappelez-vous, nos amis suisses parlent de MITIC — la question n’est évidemment pas réglée de son enseignement, de qui s’y colle et si d’aventure — on en saura peut-être plus le 10 juin —, comme je l’ai proposé dans ce billet, les professeurs documentalistes seront en première ligne.

Deux mots pour le reste. Hors ateliers, ont été invités vingt-sept conférenciers ou participants à des tables rondes. Parmi eux, il y a avait, tenez-vous bien… un journaliste, un seul, Xavier de la Porte.   Dommage !

Comme d’habitude aussi, on a longuement disserté sur les usages des jeunes sans en inviter un seul… L’occasion était trop belle alors pour un chef d’établissement qui donnait son avis, dans la salle, d’en dire le plus grand mal et de déclarer futiles leurs usages numériques sociaux. Sic. Il fallait oser, dans ce cadre ! Je n’étais pas dans la salle mais je n’ai guère entendu de remarques réprobatrices… La consternation, peut-être…

On a entendu aussi, la première matinée, l’intervention liminaire larmoyante, éreintée, bavarde, décalée — à l’évidence, il n’avait aucune connaissance, même partielle, de ce dont il parlait à propos du numérique et des usages médiatiques sociaux — du doyen de l’Inspection générale, Jean-Yves Daniel. Sans commentaires.

Bon, j’ai entendu dire que les ateliers et la deuxième journée avaient été plus intéressants et que les échanges ont enfin permis d’avancer quelque peu. Pourtant :

Tout reste à faire, en effet. Je vous en reparle dès qu’on en sait plus. Peut-être dès le 10 juin au soir… Histoire de savoir si l’éducation aux médias à la sauce Peillon aura un autre goût que l’éducation aux médias à la sauce Lescure.

Michel Guillou @michelguillou

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Crédit photo : Clapagaré ! (Les chiquitos) via photopin cc

 

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