Numérique : les réponses inappropriées de l’école ou de la société

Verre cassé

Il n’y a pas de solution exclusivement technique à un problème sociétal ou citoyen nouveau.

L’émergence du numérique a quelque chose de cataclysmique pour l’école, je l’ai déjà évoqué et je vais y revenir, moins sans doute pour la société, plus meuble et capable de s’adapter… sauf peut-être dans certains cas.

On pourrait évoquer pour s’en convaincre l’exemple récent du vote en ligne testé à propos des dernières élections. Manifestement mal préparé, il n’a, semble-t-il, jamais permis la nécessaire vérification démocratique et laissé penser que la fraude était trop facilement possible.

Mais il est un dispositif législatif, mis en place aux forceps par nos précédents dirigeants, mollement contesté par ceux qui les ont remplacés — nous verrons ce que l’avenir nous réserve à ce sujet —, je parle d’Hadopi, qui présente les mêmes caractéristiques.

Je vous rappelle les faits :

  • Internet et le numérique ont permis la diffusion universelle des œuvres ;
  • cette diffusion a supposément fait perdre des profits considérables aux marchands de la culture ;
  • ces derniers nous ont fait savoir que, de fait, la création était menacée.

Voilà donc un vrai problème qui se pose à la société, celui de la juste rémunération des auteurs et créateurs, auquel on a trouvé la seule solution technique qu’est Hadopi, présentée faussement comme pédagogique et qui n’a pour seule mission que de réprimer de manière violente en conservant surtout l’existant, un système inique de marchandisation des œuvres et de la culture et surtout inapproprié aux perspectives de partage et de diffusion offertes par le numérique.

L’école, pour y revenir, se voit, elle, confrontée au numérique de manière très violente. J’ai déjà montré dans « Numérique : ce qu’il va falloir casser pour que ça avance… » à quel point le choc concernait tous les pans de l’éducation, les apprentissages, les postures magistrales, les temps, les espaces… les formes mêmes d’enseignement.

Depuis des années, le numérique a posé de graves problèmes à l’école. À chaque fois, l’école y a répondu ou y répond encore de manière irréfléchie, irraisonnée, inappropriée, anti-éducative.

  1. Les contenus de l’Internet : filtrage massif, grossier, accompagné d’une censure irresponsable des médias sociaux et de tout ce qui, peu ou prou, dérange… J’en ai déjà parlé dans cet article : «  Anastasie à l’école… »
  2. Les téléphones mobiles des élèves : confiscations, interdiction par la loi ou les règlements intérieurs… J’en ai aussi longuement parlé dans cet article :  « Terminaux numériques personnels en classe ? Chiche ! »
  3. L’évaluation aux examens : interdiction d’outils numériques, confiscation, installation d’appareillage de détection… Idem, mon avis dans cet article :  « Baccalauréat : la faute morale de l’institution »
  4. Le plagiat : utilisation de logiciels de détection…

Je voudrais m’attarder un peu sur ce dernier point qui concerne surtout les professeurs d’université qui lisent et relisent des thèses ou mémoires partiellement voire intégralement plagiés. Je comprends la difficulté de leur mission et leur douleur, bien sûr. Mais n’est-il pas vraiment temps, comme d’ailleurs pour l’ensemble de l’évaluation continue et des examens, de réfléchir sereinement à d’autres formes d’évaluation des productions scolaires ou universitaires qui ne seraient que la reproduction ou la restitution de ce qui a été lu ou entendu ailleurs. Par ailleurs, quand les connaissances sont à ce point disponibles urbi et orbi, comment éviter la redite d’opinions ou d’idées déjà émises ailleurs sous une forme presque identique ? Ce billet n’est, lui-même, qu’un plagiat mal fichu de toutes mes lectures ou de tous mes échanges précédents avec tous ceux que j’ai rencontrés et m’ont tant appris…

Force est de constater que la raison, l’imagination et l’innovation ne sont pas au pouvoir quand l’école ou la société ne sont pas capables, pour répondre à un problème nouveau, d’autre chose que de trouver de misérables réponses techniques et, le plus souvent, exclusivement techniques, à des difficultés réelles.

Il n’y a pas de solution exclusivement technique à un problème sociétal ou citoyen nouveau.

Combien de temps faudra-t-il encore répéter un tel truisme ?

Michel Guillou @michelguillou 

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Crédit photo : Conanil via photo pin cc

 

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