Lettre ouverte à ceux qui s’autorisent à penser… le numérique éducatif

Ignorance

Ça commence vraiment très bien. Vous, membres du Conseil national du numérique, venez de publier votre rapport sur l’école, intitulé curieusement « Jules Ferry 3.0 (sic), Bâtir une école créative et juste dans un monde numérique ». Passé l’étonnement du titre, qui laisse un peu pantois et que je ne commenterai pas, ça commence en effet vraiment très bien avec une présentation et des prolégomènes de très grande qualité.

Vraiment très bien cet avant-propos. J’adhère à tout, ou presque tout. De manière générale, d’ailleurs, j’adhère à la très grande majorité de vos avis ou rapports, en particulier quand vous défendez, face au gouvernement notamment, les libertés publiques ou la neutralité du Net.

Revenons à cet avant-propos. J’y adhère, vous dis-je, pour l’essentiel. Bon, de ci, de là, j’aurais choisi d’autres formulations, d’autres mots, mais ce sont des détails. J’ai particulièrement apprécié votre rappel constant que la mutation de l’école est un enjeu global et que c’est toute la société qui est concernée, même si vous n’évitez pas quelques lieux communs, à propos notamment des écrans confondus avec les contenus qui les traversent. J’aime aussi, pourquoi pas ?, votre remarque à propos de l’apprentissage du code comme un élément de la littératie :

« L’apprentissage du code informatique réussit avec des décrocheurs, débloquant d’autres apprentissages, tout simplement parce que le code est le premier élément de littératie, le plus adapté à la curiosité des élèves, celui qui les fait “lecteurs” pour comprendre les mystères techniques qui les entourent et “auteurs” pour agir à partir de cette compréhension. »

Pour ma part, j’aurais parlé du code comme l’un des éléments d’une littératie numérique, pas comme le premier, mais… ne pinaillons pas. Je note en tout cas que, pour vous, cet apprentissage en fait partie.

De curieuses méthodes de travail

Manifestement, vous avez consulté beaucoup de monde pour préparer ce rapport. Pour ma part, j’ai eu le plaisir d’être invité une fois à une matinée contributive pour y donner mon avis. Ce dernier n’était pas à l’évidence exactement le même que celui de certains de vos membres. Je n’étais pas le seul, loin de là, dans ce cas. On ne m’a plus réinvité.

C’est ce jour-là que j’ai entendu un de vos membres éminents dire qu’il ne savait pas ce que c’était que la culture numérique et ce que signifiait former au numérique. Si, si.

Ceux qui ont été invités à travailler à l’élaboration de votre rapport éprouvent, à la lecture de ce dernier, un sentiment bizarre, comme une sorte de déprime. En effet, ils ne retrouvent strictement rien des échanges qu’ils ont eus. Ils ou elles en témoignent sur les réseaux sociaux sans que ça émeuve quiconque au Conseil.

Un rapport très… académique

À plusieurs reprises, vous notez les signes encourageants, les progrès structurels, la volonté d’avancer et d’innover. Du coup, on ne comprend pas trop les raisons de ce nouveau rapport. S’agit-il d’une commande, d’une initiative de votre part ? Dans ce dernier cas, et pour répondre à votre ambition affirmée « de décrire cette vision de l’école d’un monde numérique en devenir, affrontant l’épreuve d’une société en pleine mutation, et de proposer les “chemins praticables” pour y parvenir », on s’attendait à des propositions osées, audacieuses voire irrespectueuses de cette noble institution, disruptives comme on dit parfois maintenant. Pour une fois, le mot « refondation » aurait pu avoir vraiment du sens.

De ce côté-là, on fait chou blanc…

En effet et par exemple, quand vous recommandez la mise en place d’un nouvel enseignement, vous imaginez une nouvelle discipline, à l’égal des autres disciplines. Quand vous avez besoin d’une nouvelle série au baccalauréat, vous l’imaginez au milieu des autres séries. Quand vous avez besoin d’un référent coordinateur pour le numérique dans l’établissement, vous en faites le responsable du « Brevet Informatique et Internet » ou B2i…

Mais il ne vous vient pas une seule fois à l’idée de recommander, à terme, des modifications profondes des champs disciplinaires, des nouvelles manières d’enseigner qui feraient se croiser, avec le numérique, les disciplines, de recommander ensuite qu’on change, toujours dans ce cadre, les modalités de l’évaluation sommative ou terminale des différents cycles d’enseignements, pour mieux préparer au lycée ou à l’Université, par exemple, de supprimer ce triste B2i qui n’a aucun sens et est un échec patent pour que les compétences acquises rejoignent le nouveau socle commun des connaissances, des compétences et de culture, par exemple !

D’ailleurs, ce socle, vous n’en parlez pas, ou presque, alors que de manière évidence le numérique doit y trouver sa place. Que proposez-vous à ce sujet ? Rien.

Quarante recommandations où on trouve le meilleur, rarement, et le pire, très souvent.

Le premier sentiment qui vient à la première lecture de vos recommandations, c’est le peu de désir et d’enthousiasme qu’elles suscitent. On a d’ailleurs l’impression qu’elles ont été rédigées par d’autres mains tant le décalage est grand avec l’avant-propos à la tonalité clairvoyante et positive.

Il y a pourtant quelques bonnes idées — j’y reviendrai — mais c’est l’ennui qui prévaut. Ces recommandations mal argumentées, sans aucune vision prospective globale, n’ont que peu de lien ni de cohérence entre elles. Elles se lisent sans aucun plaisir.

Ce manque de cohérence est confirmé par les premiers commentaires de certains de vos membres signataires, en public ou en privé, qui semblent défendre leur pré carré via les recommandations qu’ils ont eux-mêmes portées. Mais aucun d’entre vous n’assume semble-t-il la globalité du texte, qui a pourtant été signé à l’unanimité. Allez comprendre !

L’inculture de certains rapporteurs

Ce qui saute aux yeux aussi, c’est la profonde ignorance dans laquelle se trouvent certains de vos rédacteurs qui ne connaissent pas grand chose de l’école. Les mécanismes des apprentissages et de la formation, la nature même des métiers exercés par ceux qui y travaillent, ce que sont devenus profondément les jeunes d’aujourd’hui, les élèves, les principaux acteurs de l’école vous sont généralement parfaitement inconnus. Vous évoquez des filières, des dispositifs, des niveaux, des examens, des disciplines, des enseignements… dont vous ne maîtrisez ni la mise en œuvre ni les ressorts et dont vous n’avez pas non plus compris les finalités.

On a même l’impression parfois qu’il s’agit de la synthèse bancale d’une discussion de comptoir, une sorte de mosaïque discontinue et désordonnée. Tous ceux d’entre vous qui s’expriment là et donnent leur avis le font sans aucun autre recul que celui de leur déjà vieux point de vue d’étudiant ou d’élève. Après tout, cela pourrait être intéressant si vous étiez étaient capables d’y ajouter un peu de sens, de modernité et de prospective. Je l’ai déjà dit : ce rapport reste trop académique et si peu audacieux !

Un rapport inutile

Votre rapport est en effet inutile. Doublement.

D’abord parce qu’il ne dupe personne, en dehors des médias bien sûr, toujours prompts à sauter sur ces informations sans les questionner, de manière servile aux dogmes rabâchés du moment.

Il ne dupe personne car il est, bien souvent totalement incompréhensible par le commun des mortels, vous savez, le professeur de base, avec ses élèves, là, dans sa classe. Il y a de quoi s’interroger, par exemple, quand il s’agit de certaines de vos recommandations elles-mêmes qu’il est nécessaire parfois de déchiffrer, ne serait-ce que parce qu’elles sont constellées d’anglicismes jargonneux sans aucun rapport avec les réalités : « coworking space », « do-tank », « open knowledge », « living labs », « remix », « learning analytics », « open data », etc.

Pire ! Vous nous expliquez qu’un espace de travail collaboratif doit être compris comme un « coworking space » ! Quelle morgue !

Votre rapport ne dupe personne car chacun a vite compris, à la simple lecture de l’ordre des recommandations, où étaient les priorités des rédacteurs. Il s’agit d’abord d’enseigner l’informatique, de recruter des professeurs d’informatique, de mettre la doxa et la pensée informatiques au cœur des apprentissages… Du lobbying de grande classe dont il convient de saluer les efforts, d’autant plus aisément qu’ils seront vains.

La deuxième raison de l’inutilité de votre rapport tient dans le fait qu’il vient en brouillage voire en opposition de la stratégie ministérielle en matière de numérique éducatif. Les ministres successifs, Benoît Hamon, Najat Vallaud-Belkacem, après Vincent Peillon, se sont naturellement rangés aux orientations décidées d’abord par ce dernier. Le choix que vous faites de ne pas vous associer à la stratégie de l’école numérique est d’autant plus curieux et malvenu que ce que propose le ministère est à la fois raisonnable et pragmatique. La création d’une nouvelle Direction du numérique pour l’éducation, en charge de la mise en œuvre et de la cohérence des actions qui concernent à la fois les systèmes d’information et le numérique pédagogique, le fait que cette direction ait été confiée à Catherine Becchetti-Bizot, dont chacun s’attache à louer la vision et les compétences, sont en effet l’un et l’autre des événements particulièrement prometteurs.

TabletteOn peut regretter, certes, comme je le fais souvent, que les choses n’aillent pas trop vite — c’est un euphémisme — mais elles vont dans le bon sens, à coup sûr, et la raison s’essaie à mieux les orienter. Même si ce qu’on semble nous proposer pour l’essentiel du nouveau Plan numérique pour l’école, des tablettes qui vous donnent la nausée, semble-t-il, n’est pas très enthousiasmant — attendons l’annonce officielle —, il y aura, je l’espère, dans les académies, en collaboration avec les collectivités territoriales, des mesures d’accompagnement des personnels en termes de formation et de valorisation des pratiques innovantes. Et ce sera déjà pas si mal.

Par ailleurs, un grand nombre de vos recommandations font un vrai flop car elles sont… déjà mises en œuvre. Il y en a plusieurs de ce genre mais je pense en particulier à la recommandation n° 19 « Renforcer les pouvoirs locaux pour une meilleure gouvernance des établissements scolaires » qui montre à l’évidence que vous n’avez qu’une connaissance approximative du dossier. Il y a bien vingt ans que ce chantier, en particulier, est lancé et, par ailleurs, les délégués académiques au numérique éducatif, curieusement absents de votre rapport alors qu’ils jouent un rôle majeur auprès de leurs recteurs respectifs, sont justement missionnés pour ce faire.

Enfin, il apparaît en filigrane que votre texte, sa première partie de manière éclatante, est écrit sous l’influence et l’emprise d’un groupe très influent qui se contrefiche du sens du service public du moment que les décisions à venir servent ses intérêts. Pour les lecteurs les moins avertis, ça saute aussi aux yeux. Et ça commence à irriter pas mal de monde.

Un rapport irréaliste et donc inapplicable

Très curieusement, votre rapport n’a non plus que peu de liens avec la réalité de la pédagogie. Il est ainsi très souvent irréaliste voire parfois surréaliste. En ce sens, il est donc pour l’essentiel inapplicable.

Par exemple, comment pouvez-vous, à tel point, être ignorants de ce qu’est l’école, telle qu’elle est et telle qu’elle devient avec le numérique, en proposant, comme une nouvelle discipline, d’enseigner l’informatique ? Il n’y a pas de place, ni au collège, ni au lycée, pour cela. Ses prosélytes vont-ils enfin le comprendre ? J’en doute tant paraît irraisonné leur acharnement compulsif. On le leur a pourtant dit, de manière très claire, du côté de la Direction du numérique, au ministère… Voir cette interview très récente de Catherine Becchetti-Bizot :

« Exiger qu’on crée un CAPES ou une agrégation d’informatique, créer une discipline supplémentaire, donc un corporatisme supplémentaire, des heures supplémentaires d’enseignement, je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure façon de résoudre le problème. Je crois que tous les professeurs doivent s’approprier ces nouvelles modalités d’enseignement, que chaque discipline a sa responsabilité, et c’est plutôt une culture commune à injecter dans chaque discipline qu’il faut travailler, avec des contenus et […] faire évoluer progressivement, transformer le milieu scolaire qui ne peut pas, du jour au lendemain, d’une manière brutale, évoluer. »

Comment pouvez-vous, à tel point, être ignorants de ce qu’est l’école en osant recommander, de manière secondaire après la proposition précédente !, d’« installer la littératie de l’âge numérique ». Curieux verbiage que cette « installation » ! Quant à la littératie numérique, vos rapporteurs n’ont pas semblé y comprendre grand chose, accumulant les bourdes sémantiques. Par exemple, « inciter chaque enseignant à intégrer dans sa discipline des éléments du référentiel de littératie numérique » — la dialectique est admirable ! — n’est-ce pas changer les programmes, tout simplement ? De même, que vient faire cette histoire de « référent coordinateur de la littératie numérique (enseignant documentaliste, directeur…) […] en charge de la délivrance du B2i » ? Que vient faire le B2i dans cette galère ? Il n’a, en l’état déplorable dans lequel il se trouve, aucun rapport avec notre propos.

Je passe sur le risible « directeur »… Avez-vous fait relire votre rapport pour éviter ça ? Il y a pourtant, semble-t-il, parmi vos « conseillers officiels », des gens qui connaissent la boutique…

C’est cette littératie numérique, au sens d’alphabétisation ou de culture, qui devrait apparaître comme le chantier prioritaire pour l’école numérique, au premier niveau donc de vos recommandations. C’est cette littératie numérique qui traverserait et éclairerait les disciplines existantes qui devrait émerger des propositions d’un groupe de travail qui réfléchirait de manière raisonnée à l’évolution de l’école et des enseignements avec le numérique…. Et cette littératie numérique-là, qui mêle les cultures numérique, médiatique et informationnelle, qui est totalement incomprise de vos vaillants rapporteurs ! C’en est même désespérant, tant il y avait de gens compétents pour le leur expliquer ! J’en vois même dans la liste de ceux que vous avez auditionnés. Pourquoi ne les avez-vous pas écoutés ?

J’ai déjà expliqué tout cela à Suzanne cet été (1). M’avez-vous lu, entre deux bains de mer ?

Et qu’est-ce que c’est que cette histoire d’« enseignement réparti » ? La littératie n’est pas un enseignement réparti, contrairement à ce que vous croyez, mais un ensemble de compétences transversales que se partagent les disciplines traditionnelles, naturellement immergées dans la culture numérique… Je termine sur ce sujet pour rappeler que la littératie numérique, comme je tente de l’expliquer dans ce billet (2) justement intitulé « Pour une littératie numérique qui traverse et éclaire les disciplines scolaires », inclut les compétences nécessaires pour savoir, par exemple, comprendre et écrire des algorithmes, comprendre certains mécanismes de la programmation et bien d’autres choses encore habituellement rassemblées sous le terme d’informatique, science ou technologie.

Je le répète donc : la culture et la littératie numérique incluent l’informatique et la fameuse « pensée informatique ».

Vous aussi, vous le savez, puisque, je le rappelle, vous parlez dans l’avant-propos du code comme d’un élément de la littératie numérique. Pourquoi changer d’avis ?

CouloirDes humanités numériques pour tous

Est inapplicable aussi parce que nocive autant qu’irréaliste cette histoire de nouveau baccalauréat HN pour « Humanités numériques » chère à Ludovic Blecher. C’est France-Info qui nous raconte l’histoire en commençant par nous parler d’un nouveau bac numérique (sic). Cette interview est d’ailleurs plutôt rigolote, Ludovic Blecher s’avérant incapable de répondre aux questions très précises et pragmatiques de la journaliste sur la nouvelle maquette et argumentant sur la « philosophie » bien trouble de la recommandation.

A priori, ce projet peut pourtant être vu comme une bonne idée. Les humanités numériques sont une idée forte au cœur des débats sur la culture numérique, depuis des années. Je me rappelle avoir échangé à ce sujet avec le recteur Boissinot qui y attachait de l’importance.

Mais sur ce sujet, comme sur d’autres, votre réflexe est de cloisonner là où il faut diluer, diffuser, partager et là où vous prétendez paradoxalement décloisonner les champs du savoir. Pourquoi réserver l’imprégnation numérique des disciplines traditionnelles des humanités à un seul baccalauréat ? Pourquoi ne pas travailler, avec le Conseil supérieur des programmes, à la modification progressive des programmes des lycées et des classes terminales pour que le baccalauréat ou ce qu’il deviendra, car il n’est pas immuable à l’heure de ces mutations, puisse permettre de vérifier l’acquisition des compétences ou d’une culture dans ce domaine. Et ce pour toutes les filières, générales comme professionnelles — un domaine qui vous a échappé.

Il y a quelque chose d’illogique dans vos réflexions. Comment proposer, d’une part, qu’on étende l’option ISN à tous les séries des classes terminales — et pourquoi pas, après tout, ce ne serait que justice ! à condition d’avoir les professeurs capables de l’enseigner — et d’autre part réclamer qu’on réserve les humanités numériques à une seule et nouvelle série ?

L’enjeu d’une nouvelle compétence fondamentale

Je me réjouis de voir apparaître une proposition que je défends depuis longtemps (3). C’est la recommandation n° 7 qui, par ailleurs, a une curieuse formulation syntaxique.

Publier doit, à mon avis, je l’ai déjà dit, rejoindre les compétences fondamentales de l’école, lire, écrire, compter. Vous détaillez les raisons qui vous poussent à cette excellente recommandation : exigence de qualité, responsabilité, gestion des droits, réputation… Vous insistez à juste titre, dans le corps même de la recommandation sur l’importance du choix de licences ouvertes pour publier… Fort bien.

Mais vous manquez l’occasion de dire la raison essentielle de l’irruption soudaine de la possibilité de la mise en œuvre de cette nouvelle compétence. En effet, pour la première fois dans l’histoire, chaque citoyen, en l’occurrence chaque jeune citoyen en formation, a la possibilité d’exercer de manière pleine, entière et universelle, un droit fondamental, celui de sa liberté à s’exprimer, à donner son opinion. Ça change tout !

Quelques bonnes idées auxquelles j’adhère

Je n’aime pas la forme que prennent nombre d’entre elles, sous forme de vœu pieux. Ainsi, les mots « encourager », « inciter », « favoriser », « contribuer », « reconnaître », « repenser », « inviter », « stimuler » etc. n’ont guère se sens s’ils ne s’accompagnent de vraies décisions opérationnelles. Là où on pourrait attendre du concret, des idées originales de transformation réelle du système éducatif, avec le numérique comme levier, vous ne proposez bien souvent que les modifications potentielles et supposées des attitudes des acteurs qu’il est impossible de vérifier.

Pourtant, j’aime toutes les recommandations qui s’inscrivent dans le cadre du réseau, du partage, de la coopération, de la collaboration, des activités de production ou de coproduction, de la contribution, de la participation de tous les acteurs, de l’émancipation, de l’ouverture et de la modernisation des marchés, de la promotion des licences et des formats ouverts, de l’interopérabilité, de l’élargissement de l’exception pédagogique, des données ouvertes…

Une dernière chose : où est passée dans vos recommandations la manière dont le numérique pourrait contribuer à faire progresser la démocratie scolaire et l’engagement des élèves ? Ces derniers sont d’ailleurs souvent absents, dans votre rapport, des transformations dont ils pourraient être les acteurs…

Ah, et puis pourquoi avoir limité à la portion congrue vos recommandations sur les nécessaires changements d’architecture (temps, espaces, groupes, design) ?

Je vous remercie sincèrement de m’avoir lu jusqu’au bout.

Michel Guillou @michelguillou

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Crédit photo : André Querry{Flixelpix} David et Christos Tsoumplekas (Back again!) via photopin cc

  1. Le numérique expliqué à Suzanne et à quelques autres… https://www.culture-numerique.fr/?p=1250
  2. Pour une littératie numérique qui traverse et éclaire les disciplines scolaires https://www.culture-numerique.fr/?p=869
  3. Socle : tous les élèves doivent savoir publier https://www.culture-numerique.fr/?p=843

[cite]

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8 commentaires pour “Lettre ouverte à ceux qui s’autorisent à penser… le numérique éducatif
  1. Dorie Bruyas dit :

    Et bien, ça c’est du billet…
    Argumenté et construit de surcroit.
    C’était vraiment bien à lire.
    Oui vraiment bien.

  2. Klein dit :

    Je pense que c’est vous qui êtes dans l’erreur. D’abord l’informatique, c’est évidemment une matière à part entière et même une matière qui, comme les maths, est en train de de devenir la mère de toutes les sciences. L’argument selon lequel il n’y a pas la place ne tient pas une seconde quand on regarde les allègements de programme des 30 dernières années et la place, il suffirait d’en faire au détriment de matières dont l’enseignement pourrait être reporté au supérieur car elles sont devenues moins importantes (comme la chimie). Ensuite, la politique du Ministère est évidemment vouée à l’échec car elle est centrée sur les usages et non pas sur les principes (il ne suffit pas dire « chacun s’attache à louer la vision et les compétences de Catherine Bechetti » pour justifier votre point de vue). J’ajoute que, sans même avoir lu le rapport que vous critiquez, le fait qu’il ne mentionne pas le thème de la démocratie scolaire me le rend assez sympathique, car l’école n’est pas une démocratie. Maîtres et élèves ne sont pas à égalité. Tous les points de vue ne se valent pas à l’école.

  3. Mediacteur dit :

    Et oui, Suzanne a encore du souci à se faire !

  4. Serge Pouts-Lajus dit :

    Parmi les recommandations qui font un vrai flop, comme tu dis : la 19 et le renforcement des pouvoirs locaux dans la gouvernance des établissements. C’est un chantier que tu prétends bien connaitre : il est « lancé depuis vingt ans » dis-tu. Et alors ? La situation actuelle te parait satisfaisante ?…. Tu sembles le penser puisque, nous dis-tu, les DAN sont missionnés pour cela. Là, il y a de quoi tomber de sa chaise. Tu n’ignores pas que le DAN est le représentant du pouvoir central, qu’il est nommé par le ministère. Ta suggestion c’est donc que ce soit le représentant de l’Etat se charge de la réorganisation de la gouvernance des établissements, et que tout ira bien.

    La gouvernance des EPLE c’est d’abord l’affaire des pouvoirs locaux ; les communes, les départements, les régions qui financent la totalité du fonctionnement des établissements, les lycées et les collèges qui sont des établissements autonomes (oui, autonomes). Beaucoup ne l’acceptent pas. Le conservatisme centralisateur est encore très présent à tous les niveaux, ce qui explique que depuis trente ans (oui, trente), la décentralisation progresse difficilement, se heurte à toutes sortes d’oppositions et empêche une vraie modernisation de notre système éducatif qui commencerait justement par le bas, les pouvoirs locaux, les établissements.
    S’il ne fallait garder qu’une seule recommandation, ce serait donc bien celle-là.

    • Si je sais bien lire, sur la page http://eduscol.education.fr/cid73311/delegues-academiques-numeriques-dan.html, je trouve dans les missions des DAN le point suivant : « En liaison avec les secrétaires généraux d’académie et les inspecteurs d’académie-directeurs académiques des services de l’éducation nationale, dans les domaines liés au numérique pour l’éducation, il est en charge des relations avec les collectivités territoriales et assure l’animation d’une instance de gouvernance académique. »

      Jamais les choses n’ont été écrites avec autant de précision. Cela n’a jamais été aussi clair. Sur le terrain, tout est mis en œuvre pour y aller. Que cela soit insuffisant à tes yeux ou à ceux du CNNum n’autorise pas à faire comme si cette gouvernance partagée n’était pas en œuvre et déjà bien avancée en certains points du territoire et comme si les DAN n’existaient pas.

      Par ailleurs, les retards que tu peux noter, de ci, de là, ne sont pas que du fait, à mon avis, d’un supposé « conservatisme » jacobin mais parfois dus aussi à l’inorganisation structurelle voire à l’inculture des collectivités en matière de numérique, et pas seulement de numérique éducatif.

      Voilà un constat qui aurait mérité la réflexion du CNNum et pas la recommandation sentencieuse et inexacte en référence.

      Et sur le reste ?

  5. Serge Pouts-Lajus dit :

    Comment peux-tu imaginer que le problème évoqué ici (la gouvernance des établissements) puisse être résolu par une circulaire ministérielle, même clairement rédigée ? Tu serais bien le dernier croire aux pouvoirs des injonctions de l’administration centrale…

    Et puis, quelle drôle de conception de la concertation qui consiste à la décréter d’en haut, à confier la responsabilité de son exécution sur le terrain à des représentants du pouvoir central et à croire que tout devrait normalement bien se passer.

    Et pour finir, lorsque les choses ne se passent pas bien, de ci de là, comme tu le dis joliment, cela ne peut venir que de « l’inculture des collectivités ». Ca aussi c’est joli.

    Je t’ai répondu sur ce point car il me tient particulièrement à coeur. Je ne vais pas le faire sur les autres. La véhémence, l’outrance de tes propos, le mépris affiché pour le travail réalisé par le CNNUM sont, pour moi, dissuasifs. Ce n’est pas de cette façon qu’un débat doit être conduit.

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Bon, après quelques modifications du code, la une semble reprendre forme humaine :)

Donc, la bière est pour moi. Tant pis !

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